Un argument dans l’air du temps
Comparables dans leur mise en oeuvre aux peintures classiques, la plupart des peintures dépolluantes captent des molécules du formaldéhyde présent dans une pièce et les transforment en vapeur d’eau. Une démonstration en faveur de leur utilisation.
La qualité de l’air intérieur a fait l’objet de campagnes visant à renforcer les mesures de prévention. La pollution de l’air intérieur a par ailleurs un coût socio-économique estimé sur un an à quelque 19 milliards d’euros, selon une étude initiée par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), l’Observatoire de la qualité de l’air intérieur (OQAI) et Pierre Kopp, professeur d’économie de l’université Sorbonne Panthéon I.
Même si cette première étude est plus illustrative que quantitative, tout indique que la qualité de l’air intérieur va sous peu compter parmi les exigences de certains maîtres d’œuvre. Dès 2012, une quarantaine de bailleurs sociaux l’ont inscrite dans leur référentiel d’évaluation. Les collectivités territoriales sont également en première ligne pour accompagner les établissements accueillant des enfants dans la mise en œuvre du dispositif réglementaire qui rend obligatoire la surveillance de la qualité de l’air intérieur dans certains ERP. Si les échéances s’échelonnent entre janvier 2018 et janvier 2023, des campagnes de sensibilisation rappellent déjà régulièrement que nous passons près de 85 % de notre temps dans des lieux clos et qu’une mauvaise qualité de l’air favorise l’émergence de certains symptômes (maux de tête, fatigue, irritations, vertiges) et de manifestations allergiques. Le formaldéhyde compte parmi les polluants les plus répandus de l’air et parmi les trois substances qui font l’objet de mesures pour évaluer la qualité de l’air intérieur. Des peintures « dépolluantes » ont la propriété d’adsorber les molécules du formaldéhyde présent dans une pièce (jusqu’à saturation à la surface du film de peinture). Leur efficacité semble toutefois dépendre de nombreux paramètres (finition, teinte, surface peinte, présence ou non d’objets émetteurs de formaldéhydes et donc quantité de molécules dans la pièce).
Une évolution remarquable
David Gastine, dirigeant de la société Hardy, qui emploie 12 salariés près de Rouen (Saint-Étienne-du-Rouvray), a déjà adopté ces peintures. Il se réjouit de pouvoir proposer cette innovation à sa clientèle. « Il n’y a pas beaucoup d’évolution en peinture. Donc quand il y en a, il faut sauter le pas?! Par ailleurs, les Français sont de plus en plus sensibles à la qualité de l’air intérieur. Les arguments dans ce sens commencent à faire la différence dans l’évaluation des propositions par les maîtres d’œuvre. » Il aime rappeler que son entreprise, alors qu’elle n’était pas la mieux placée en termes de prix, a remporté un appel d’offres de l’université de Rouen pour 1 200 m2 de murs à peindre. Pour le maître d’ouvrage, c’est la préconisation d’une peinture acrylique dépolluante écolabel et classée A+, le meilleur classement au niveau des émissions de composés organiques volatils (COV), qui a fait la différence. Pour l’entrepreneur, cette peinture possède toutes les qualités que l’on peut en attendre. « Lorsque je l’ai essayée, se souvient-il, j’ai constaté qu’elle avait un bon pouvoir couvrant et qu’elle était satisfaisante en termes de rendement et d’aspect. Je me suis vite rendu compte qu’elle pouvait nous ouvrir d’autres marchés. » Auprès des particuliers, notamment les personnes allergiques, ou pour les habitations avec enfants, il fait valoir que les émissions de formaldéhyde sont en partie captées et transformées en vapeur d’eau. Dans certains cas, il ajoute à son devis la fiche technique fournie par le fabricant. Selon lui, si l’exigence de ce type de produit ne figure généralement pas encore dans les cahiers des charges des marchés publics, c’est dans les appels d’offres restreints que cette préconisation peut faire une différence, notamment lorsque l’interlocuteur est sensible aux problèmes de santé et environnementaux dans le cadre de travaux pour des établissements accueillant des enfants (crèches ou écoles). Les performances « dépolluantes » annoncées par les fabricants de ces produits résultent d’essais en laboratoire et de calculs théoriques. Il reste à voir si elles seront confirmées par les performances in situ avec le recul.
Pour en savoir plus
UPMF-FFB (Union professionnelle des métiers de la finition), tél. : 01 40 69 53 73, www.upmf.ffbatiment.fr